Jésus Christ dans la Lettre aux Philippiens
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d) « C’est pourquoi Dieu l’a surexalté… »
Mais précisément au moment où l'on affirme que Jésus est mort de cette mort infamante, qu'il a atteint le point le plus bas possible de la dégradation humaine, à ce moment précis, voici que l'hymne commence à relater l'action du Père: « C’est pourquoi Dieu l’a surexalté » (Ph 2,9; verbe hyperypsóo, hapax dans le Nouveau Testament). Si Jésus s'est pour ainsi dire « sous-abaissé », le Père le « surexalte », il le relève, le ressuscite des morts pour la vie éternelle; il l'élève au point le plus haut, à sa droite dans les cieux (voir Ac 2,33; 5,31; et aussi Jn 3,14; 8,28; 12,32.34).
La croix n'a pas été le fruit du hasard, mais l'issue de l'action et de la prédication de Jésus, le résultat de sa passion pour la justice et de sa vie dépensée pour les hommes dans l'amour: « c'est pourquoi » précisément le Père intervient et accomplit son action. En effet, l'amour vécu par Jésus est plus fort que la mort. Sur la croix s'est produite une sorte de duel: non pas avant tout entre la vie et la mort, comme le chante la Séquence liturgique pascale (Mors et vita conflixere duello), mais entre l'amour et la mort; et puisque, selon la promesse du Cantique des cantiques, « l'amour est fort comme la mort » (Ct 8,6), puisqu'il est le seul digne de combattre la mort, alors dans ce duel, l'amour a vaincu la mort. L'amour vécu par Jésus a causé la décision du Père de le rappeler des morts: voici comment on peut lire en profondeur la glorification du Fils réalisée par le Père en réponse à sa kénose, son abaissement absolu.
e) « … et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom »
Le Père ne se limite pas à réintégrer Jésus dans la forme de Dieu qu'il avait lors de sa préexistence et dont il s'était librement vidé, mais il « lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom » (Ph 2,9), devant lequel tout être du ciel, de la terre et des enfers se soumet (voir Ph 2,10). Ce Nom est certainement Kýrios, Seigneur, mais c'est aussi Jésus, Jeshu‘a, « le Seigneur sauve », le seul Nom grâce auquel tous les hommes peuvent être sauvés (voir Ac 2,21; 4,12). Isaïe avait prophétisé: « Ainsi parle se Seigneur: “Devant moi tout genou fléchira et toute langue confessera…” » (Is 45,23 LXX), et voici que désormais, dans le Nom de Jésus, tout genou fléchit; cela signifie que Dieu est adoré sur la terre, aux cieux, dans les enfers, à travers l'invocation et la confession du Nom de Jésus. Tout l'univers reconnaît en Jésus le Kýrios et l'adore: oui, cette prostration et cette proclamation qui, dans le texte d'Isaïe, sont réservées au Dieu unique sont désormais attribuées à Jésus.
L'hymne se conclut alors en présentant une impressionnante liturgie cosmique qui célèbre le Seigneur Jésus élevé dans la gloire. Tous les êtres célestes y participent, comme dans la liturgie de l'Apocalypse, où toutes les créatures du ciel se prosternent face à l'Agneau devenu Pasteur, l'Agneau égorgé et ressuscité (voir Ap 4–5); y participent également les chrétiens, qui, encore sur la terre, confessent le Seigneur dans la foi; et y participent même les créatures des enfers, celles que le Ressuscité, selon la Première lettre de Pierre, est allé rencontrer et sauver (voir 1P 3,18-22). C'est un tableau presque intenable… Mais cette image spatiale synthétise en quelque sorte la conscience que nous devrions avoir, lors de toute liturgie chrétienne, du fait que cette dernière n'est essentiellement que la proclamation du fait que « Jésus Christ est le Seigneur à la gloire de Dieu le Père » (Ph 2,11).
On l'a déjà dit: cette hymne fournit donc un condensé de toute la vie de Jésus, dont les évangiles font le récit, de la préexistence jusqu'à la glorification. Et comme dans les évangiles, un élément manque ici aussi; ou mieux, il est renvoyé à une heure connue du Père seul (voir Mc 13,32; Mt 24,36): c'est le jour de la « venue du Seigneur Jésus Christ avec tous ses saints » (1Th 3,13) à la fin des temps, promise par Jésus dans les évangiles (voir Mc 13,24-27) et attendue des croyants en lui (voir Ph 3,20). Comment ne pas nous souvenir que les premiers chrétiens, en araméen, acclamaient Jésus comme Seigneur, en répétant dans leurs liturgies: « Marana tha », « viens, Seigneur! » (1Co 16,22)?
Oui, la venue du Seigneur Jésus dans la gloire sera l'accomplissement définitif de toute son aventure dont nous avons entendu le récit à travers l'hymne aux Philippiens. Et la foi chrétienne nous fait attendre avec vigilance que le Seigneur achève ce dessein d'amour lors de son Jour. C'est pourquoi nous acclamons Jésus comme le Seigneur, avec toute l'Église, son Épouse, qui exclame avec l'Esprit: « Viens, Seigneur, viens bientôt! » (voir Ap 22,17.20).
Mais précisément au moment où l'on affirme que Jésus est mort de cette mort infamante, qu'il a atteint le point le plus bas possible de la dégradation humaine, à ce moment précis, voici que l'hymne commence à relater l'action du Père: « C’est pourquoi Dieu l’a surexalté » (Ph 2,9; verbe hyperypsóo, hapax dans le Nouveau Testament). Si Jésus s'est pour ainsi dire « sous-abaissé », le Père le « surexalte », il le relève, le ressuscite des morts pour la vie éternelle; il l'élève au point le plus haut, à sa droite dans les cieux (voir Ac 2,33; 5,31; et aussi Jn 3,14; 8,28; 12,32.34).
La croix n'a pas été le fruit du hasard, mais l'issue de l'action et de la prédication de Jésus, le résultat de sa passion pour la justice et de sa vie dépensée pour les hommes dans l'amour: « c'est pourquoi » précisément le Père intervient et accomplit son action. En effet, l'amour vécu par Jésus est plus fort que la mort. Sur la croix s'est produite une sorte de duel: non pas avant tout entre la vie et la mort, comme le chante la Séquence liturgique pascale (Mors et vita conflixere duello), mais entre l'amour et la mort; et puisque, selon la promesse du Cantique des cantiques, « l'amour est fort comme la mort » (Ct 8,6), puisqu'il est le seul digne de combattre la mort, alors dans ce duel, l'amour a vaincu la mort. L'amour vécu par Jésus a causé la décision du Père de le rappeler des morts: voici comment on peut lire en profondeur la glorification du Fils réalisée par le Père en réponse à sa kénose, son abaissement absolu.
e) « … et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom »
Le Père ne se limite pas à réintégrer Jésus dans la forme de Dieu qu'il avait lors de sa préexistence et dont il s'était librement vidé, mais il « lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom » (Ph 2,9), devant lequel tout être du ciel, de la terre et des enfers se soumet (voir Ph 2,10). Ce Nom est certainement Kýrios, Seigneur, mais c'est aussi Jésus, Jeshu‘a, « le Seigneur sauve », le seul Nom grâce auquel tous les hommes peuvent être sauvés (voir Ac 2,21; 4,12). Isaïe avait prophétisé: « Ainsi parle se Seigneur: “Devant moi tout genou fléchira et toute langue confessera…” » (Is 45,23 LXX), et voici que désormais, dans le Nom de Jésus, tout genou fléchit; cela signifie que Dieu est adoré sur la terre, aux cieux, dans les enfers, à travers l'invocation et la confession du Nom de Jésus. Tout l'univers reconnaît en Jésus le Kýrios et l'adore: oui, cette prostration et cette proclamation qui, dans le texte d'Isaïe, sont réservées au Dieu unique sont désormais attribuées à Jésus.
L'hymne se conclut alors en présentant une impressionnante liturgie cosmique qui célèbre le Seigneur Jésus élevé dans la gloire. Tous les êtres célestes y participent, comme dans la liturgie de l'Apocalypse, où toutes les créatures du ciel se prosternent face à l'Agneau devenu Pasteur, l'Agneau égorgé et ressuscité (voir Ap 4–5); y participent également les chrétiens, qui, encore sur la terre, confessent le Seigneur dans la foi; et y participent même les créatures des enfers, celles que le Ressuscité, selon la Première lettre de Pierre, est allé rencontrer et sauver (voir 1P 3,18-22). C'est un tableau presque intenable… Mais cette image spatiale synthétise en quelque sorte la conscience que nous devrions avoir, lors de toute liturgie chrétienne, du fait que cette dernière n'est essentiellement que la proclamation du fait que « Jésus Christ est le Seigneur à la gloire de Dieu le Père » (Ph 2,11).
On l'a déjà dit: cette hymne fournit donc un condensé de toute la vie de Jésus, dont les évangiles font le récit, de la préexistence jusqu'à la glorification. Et comme dans les évangiles, un élément manque ici aussi; ou mieux, il est renvoyé à une heure connue du Père seul (voir Mc 13,32; Mt 24,36): c'est le jour de la « venue du Seigneur Jésus Christ avec tous ses saints » (1Th 3,13) à la fin des temps, promise par Jésus dans les évangiles (voir Mc 13,24-27) et attendue des croyants en lui (voir Ph 3,20). Comment ne pas nous souvenir que les premiers chrétiens, en araméen, acclamaient Jésus comme Seigneur, en répétant dans leurs liturgies: « Marana tha », « viens, Seigneur! » (1Co 16,22)?
Oui, la venue du Seigneur Jésus dans la gloire sera l'accomplissement définitif de toute son aventure dont nous avons entendu le récit à travers l'hymne aux Philippiens. Et la foi chrétienne nous fait attendre avec vigilance que le Seigneur achève ce dessein d'amour lors de son Jour. C'est pourquoi nous acclamons Jésus comme le Seigneur, avec toute l'Église, son Épouse, qui exclame avec l'Esprit: « Viens, Seigneur, viens bientôt! » (voir Ap 22,17.20).
Enzo Bianchi
Prieur de Bose