Revue des Études Byzantines 68 (2010)
par OLIVIER DELOUIS
Luigi d’Ayala Valva publie, sous forme d’anthologie, une imposante synthèse sur la tradition monastique du premier millénaire. Un ouvrage «humble et ambitieux à la fois»

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RECENSIONS AUX LIVRES ET CD DE BOSE

VITRINE LIVRES ET CD

Luigi D’AYALA VALVA (trad.), {link_prodotto:id=857}. La vita monastica secondo la tradizione dei padri. Introduzione, scelta e traduzione dalle lingue originali a cura di Luigi d’Ayala Valva. Prefazione di Enzo Bianchi, priore di Bose. – Edizioni Qiqajon, Comunità di Bose, Magnano 2009. 21 x 15,5 ; relié. 992 p. Prix : 50 €.

Luigi d’Ayala Valva publie, sous forme d’anthologie, une imposante synthèse sur la tradition monastique du premier millénaire. Le but de l’ouvrage, « humble et ambitieux à la fois », est de dégager des textes présentés une logique et une dynamique interne au monachisme ancien (Introduction, p. 1-28). Plus qu’une juxtaposition de documents donnant successivement l’avis de tel auteur concernant tel aspect de la vie monastique, il s’agit de saisir, par l’ordonnancement d’un matériau très abondant, la tradition monastique antique dans son ensemble. Pour cela, Luigi d’Ayala Valva se défend d’une approche érudite ou philologique des sources, mais prône une lecture synchronique et spirituelle. Comme l’Écriture, la tradition monastique est traitée ainsi qu’un corpus unitaire, d’Antoine le Grand à Syméon le Nouveau Théologien, capable de transmettre un message cohérent. Les textes, placés sous une soixantaine d’autorités, appartiennent à des genres variés : histoire, théologie, apophtegmes et discours édifiants, hagiographie, règles monastiques, homélies, catéchèses, liturgie, cantiques ou droit canon. Écrits sinon par des « Pères de l’Église », du moins par les « Pères du monachisme », ils reçoivent chacun une traduction neuve du grec ou du latin vers l’italien.

Le parcours proposé par le traducteur est celui de l’itinéraire d’un moine (Il cammino del monaco), dont voici les étapes (p. 37-904) ;

– Présentation de la vie monastique (Prologue) : le moine, les formes de la vie monastique, les moines l’Église et le monde ;

– Devenir moine (première partie) : la vocation et la conversion, le renoncement au monde et sa conséquence, l’initiation monastique, l’écoute et l’obéissance au père spirituel, le célibat et la virginité, la persévérance et la stabilité ;

– La vie au monastère (deuxième partie) : la communauté, le supérieur, les rapports fraternels, la liturgie, la pauvreté et la communauté des biens, le travail, le silence et la parole, l’ascèse du corps, l’hospitalité ;

– La vie cachée (troisième partie) : la solitude et la garde de la cellule, l’attention et la vigilance, la lutte spirituelle et le discernement des pensées, la componction et le don des larmes, la lectio divina, la prière personnelle, l’acédie et la patience ;

– Plénitude de vie (quatrième partie) : l’humilité, la pureté du cœur, la charité ;

– Épilogue : la mort du moine.

On mesure ce que le dépouillement de la littérature monastique, sa traduction et son classement en quelques neuf cents pages peuvent représenter comme labeur méritoire. À cela s’ajoute en tête de chacun des 29 chapitres de courtes synthèses sur les thèmes abordés. La bibliographie, l’index thématique et l’index des textes utilisés (p. 907-980) permettent d’évoluer aisément dans l’ouvrage. Imprimé sur papier bible sous une reliure toilée, le volume est d’usage commode et d’aspect soigné.

Après le florilège d’Antonio Rigo en 2008 consacré pour une période postérieure aux mystiques byzantins (voir Revue des Études Byzantines 67, 2009, p. 260-262), voici donc un nouveau recueil entre anthologie savante et échelle spirituelle où le lecteur trouvera, quelle que soit sa démarche, un bagage complet et ordonné sur le monachisme des premiers siècles, compris avec A. de Vogüé (cité p. 11) comme « à la fois un mouvement spirituel du passé et une voie ouverte actuellement à l’âme qui cherche Dieu ».

Olivier Delouis,

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