Conclusions du Colloque
L'Orthodoxie byzantine s'est attachée, et cela particulièrement depuis le renouveau hésychaste du XIVe siècle, à la contemplation de la lumière incréée manifestée par le Christ transfiguré. Le monachisme latin a été davantage sensible à l'injonction de la voix du Père: « écoutez-le » dans la Parole. L'un et l'autre cependant pressent le moine et le chrétien à entrer dans l'expérience de la rencontre avec le Christ (Guigues II le Chartreux, Grégoire le Sinaïte, saint Silouane de l'Athos).
Tous les grands spirituels de l'Orient et de l'Occident se retrouvent encore pour considérer la transfiguration de Jésus et notre communion par grâce à cette expérience, pour autant que cela est possible en cette vie, comme une anticipation de la gloire future ou eschatologique. « Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu'il est » (1Jn 3,2). Saint Syméon le Nouveau Théologien s'est fait le chantre de cette certitude mystique que le feu de l'amour divin devient lumière de Dieu.
Plusieurs questions pourraient encore être approfondies dans une approche plus historique.
Quelles sont les sources patristiques de cette mystique de la lumière? On a évoqué l'influence de saint Grégoire le Théologien. Comment s'est répandue dans l'Orient byzantin la fête de la Transfiguration du Christ (6 août) et par quelles étapes? S'est-elle d'abord diffusée en Palestine et est-elle passée de là dans l'Empire byzantin?
Pourquoi enfin l'Orient byzantin orthodoxe a-t-il privilégié la vision de la gloire lumineuse du Christ sur le Tabor comme le paradigme par excellence de l'expérience mystique chrétienne? Quelques éléments de réponse nous ont été suggérés lorsqu'on a tenté un parallèle entre saint Antoine le Grand et saint Séraphin de Sarov, lorsqu'on a rappelé le lien établi par saint Jean Damascène entre la prière et l'orthodoxie de la foi.