30 Mai

JEANNE D'ARC (1412-1431) témoin

Jeanne d’Arc est née en 1412 dans le village de Domrémy, aux marches du royaume de France, tandis que la guerre de Cent Ans battait son plein contre les Anglais. Jeanne connaît les dures réalités de l’occupation. Sa mère lui apprend les trois prières fondamentales du chrétien : le Pater, l’Ave et le Credo. Ne pouvant accéder à l’Écriture sainte, Jeanne tire profit des sermons paroissiaux du dimanche. Les sacrements sont alors au cœur de la vie paroissiale. D’où l’assistance fréquente de Jeanne à la messe, son souci de la confession régulière.
A 13 ans, l’été 1425, Jeanne entend une voix qu’elle va identifier comme celle de l’archange saint Michel. L’appel va se répéter « deux à trois fois la semaine ». Jeanne se voit investie d’une mission divine. En secret, elle fait le vœu de virginité et gagne en ferveur. Celle qui se fera appeler « la Pucelle » expliquera plus tard : « La voix me disait que j’irais en France et que je lèverais le siège mis devant la cité d’Orléans, la voix m’a dit aussi que je m’en aille à Robert de Baudricourt dans la forteresse de Vaucouleurs, qu’il me donnerait des gens pour aller avec moi. »
Mission politique : proclamer la légitimité de Charles d’Orléans en le faisant sacrer à Reims, et donc bouter l’Anglais hors de France. Jeanne obtient une escorte à Vaucouleurs pour aller à Chinon où elle découvre le dauphin caché au milieu des seigneurs de son entourage. Elle finit par le convaincre et va réussir à libérer Orléans.
Jeanne mène une guerre aussi morale que possible ; la justesse de son combat, à ses yeux, ne fait pas de doute. Elle veut une armée en état de grâce. Comme elle le précise lors de son procès : « Je prenais moi-même l’étendard…pour éviter de tuer personne. » Car la mission est avant tout religieuse. Le devoir de Jeanne est toujours : « Dieu premier servi ». Son unique préoccupation est de demeurer en la grâce de Dieu : « Si je n’y suis, Dieu veuille m’y mettre, et s’y suis, Dieu veuille m’y tenir. »
Jeanne va être capturée par les Anglais le 23 mai 1430, passer un an en prison, être accusée de sorcellerie par l’Inquisition. Elle réplique à tous avec une assurance incroyable. Mais le 24 mai 1431, Jeanne est condamnée au bûcher à Rouen, répétant sa certitude profonde : « Dieu m’a envoyée ». Son dernier cri résume sa foi simple : « Jésus ! »

Lecture

« Sainte Catherine m’a dit que j’aurais secours ; et je ne sais si ce sera en étant délivrée de prison ou quand je serai en jugement…Mais le plus souvent me disent mes voix que je serai délivrée par grande victoire ; et ensuite me disent mes voix : Prends tout en gré, ne te chaille de ton martyre, tu t’en viendras au Royaume du Paradis…J’appelle cela martyre pour la peine et adversité que je souffre en prison…mais je m’en rapporte du tout à Notre Seigneur. » ( Paroles de Jeanne, à la séance du 14 mars 1430 du procès).

Prière

Dieu qui as choisi sainte Jeanne d’Arc pour défendre son pays contre l’envahisseur,
Accorde-nous par son intercession, de travailler pour la justice et de vivre dans la paix.
Par Jésus Christ.

Lectures bibliques
Sg 8, 9-15 ; Mt 16, 24-27


 MARTYRS DU RÉGIME OUSTACHI (1941-1945)

En mai 1941, les milices nationalistes croates équipent le camp de concentration de Jasenovac, où seront assassinés de 1941 à 1945 des centaines de milliers de prisonniers, pour la plupart serbes et juifs.
Dans cette même période, le régime oustachi du dictateur Ante Pavelitch, appuyé par Hitler et Mussolini, et bien vu d’une partie de la hiérarchie catholique, conduit au massacre cinquante mille Juifs, sept cent mille orthodoxes serbes, et même des catholiques slovènes, détruisant presque toutes les synagogues de la Croatie et 299 églises orthodoxes.
Le Patriarcat orthodoxe serbe paya un prix très élevé à la furie dévastatrice des oustachis : six évêques, plus de 300 prêtres et 222 religieux perdirent la vie en ce bref laps de temps. Dans la seule éparchie orthodoxe de Plaski, ne restèrent plus vivants que 5 prêtres sur 137. Les chefs religieux, les rabbins d’une part, et les métropolites d’autre part, furent contraints à subir en public, qu’ils soient vivants ou morts, des atrocités sans nom.
Parmi les principaux collaborateurs du régime inhumain de Pavelitch, il y eut même quelques religieux catholiques. Les évêques qui osèrent élever la voix en faveur des juifs furent une minorité ; et presque personne ne se manifesta pour défendre les Serbes.
Le martyre de l’Église serbe et des juifs croates, conséquence avant tout de haines nationalistes nourries depuis longtemps dans ces pays de frontières, doit être un avertissement à se souvenir combien les expressions de la foi religieuse ont en tout temps à veiller sur l’instrumentalisation dont elles peuvent être l’objet, et dont les résultats dans l’histoire ont toujours été dévastateurs. Mais chaque chrétien est appelé à vérifier si la foi en Christ est compatible avec une idéologie qui ne reconnaît pas la dignité et l’inviolabilité de la vie de tout homme.

Lecture

Quand tu te trouves dans les geôles de Prenilovci, au milieu des crânes des Serbes amassés sans pitié par les oustachis, alors l’éternelle question de Job revient à l’esprit, obsédante, car nous sommes dans l’incapacité de donner une réponse à une telle question.
A quel dieu de la mort ont été sacrifiés ces martyrs, et à quel dieu de l’amour, de la justice, de la miséricorde, si notre Dieu est un Dieu tout-puissant ?
Si le Christ n’existait pas, s’il n’y avait pas eu sa venue et son martyre, alors cette question serait destinée à rester sans réponse, avec tout le non sens qu’elle contient. Au lendemain du pogrom de Kraljevo de 1942, mené par les troupes hitlériennes, quand les familles des fusillés vinrent pour leur donner une sépulture, une des victimes demanda au prêtre qui se trouvait en ce lieu : « Père, où donc était Dieu hier, quand mon fils a été fusillé ? ». Le prêtre mena alors ce père de famille à l’église, et, lui montrant le crucifix, il lui répondit : « Il était là ! ».
Le Christ a pardonné quand il était sur la croix. Et nous, comment pouvons-nous pardonner ? Il n’y a pas d’autre voie si ce n’est celle qui consiste à rechercher au plus seul de notre cœur ces étincelles d’amour qui ne cessent jamais de brûler en tout chrétien, et que le Christ est venu raviver par son enseignement et par sa vie
(Pavle, patriarche de Serbie).


 

Les Églises font mémoire

Anglicans : Joséphine Butler (+1906), réformatrice sociale ; Jeanne d’Arc (+1431), visionnaire ; Apollon Kivebulaya (+1933), prêtre, évangélisateur en Afrique Centrale
Coptes et Ethiopiens (22 basans/genbot) : Andronic (1er s.), un des 70 disciples (Église copte)
Luthériens : Gottfried Arnold (+1714), théologien en pays saxon
Maronites : Isaac de Constantinople (+env.406), moine et confesseur ; Félix 1er (+ env.274), pape
Orthodoxes et gréco-catholiques : Isaac de Constantinople, moine et confesseur