“Ne crains pas petit troupeau..."
Le petit troupeau s’est agrandi, et souvent la communauté ne se sent pas à la hauteur de la visibilité du signe qu’elle a fini par représenter au fil des années. Elle se sent souvent “surexposée”, surtout dans l’Église. Elle est consciente que pour rester fidèle à sa vocation et pour atteindre le Royaume promis, le troupeau doit rester “petit”, c’est-à-dire toujours conscient de n’être rien d’autre qu’une communauté de pécheurs qui reçoivent le pardon dans la mesure où ils reconnaissent leur péché et leur petitesse. Sachant que c’est seulement en se confiant à l’unique Pasteur que le troupeau pourra se laisser conduire tout entier au salut, elle s’interroge, tout en connaissant les critiques et les médisances dont elle est parfois l’objet, même de la part d’amis, non pas sur l’approbation ou la désapprobation qu’elle suscite dans le monde, mais sur la qualité et l’authenticité de sa suivance du Christ.
Elle sait enfin, comme nous l’a à nouveau rappelé dans les temps récents l’expérience du martyre – que nous croyions perdu quelque part au fond de la mémoire et qui est réapparu à l’horizon du christianisme –, que la vie de celui qui se laisse immerger dans les eaux du baptême est réellement “ensevelie avec Christ dans la mort” (Rm 6,4), “cachée avec Christ en Dieu” (Col 3,3), qu’elle est déjà donnée à Dieu et à ceux qui habitent la terre dans laquelle nous vivons, comme le rappelait fr. Christian de Chergé, prieur de la communauté trappiste algérienne de l’Atlas, dans son témoignage spirituel, quelques mois avant de mourir ensemble avec ses frères.
“Si c’est un même être avec le Christ que nous sommes devenus par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable” (Rm 6,5), ajoute Paul: nous aussi, nous croyons et voudrions confesser par notre vie, à tout homme que nous rencontrons, que ce n'est qu'en cherchant une raison pour laquelle il vaut la peine de mourir qu’il nous est donné de trouver également une raison pour vivre.
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