Le combat spirituel
XVIIe Colloque œcuménique international
de spiritualité orthodoxe
En collaboration avec les Églises orthodoxes
Il s'agit d'une lutte intérieure, non tournée vers des êtres extérieurs, mais contre les tentations, les pensées, les suggestions
XVIIe Colloque œcuménique international
de spiritualité orthodoxe
Bose, mercredi 9 - samedi 12 septembre 2009
DANS LA TRADITION ORTHODOXE
L'image du combat spirituel reflète au mieux l'exigence de la conversion quotidienne du chrétien: la tradition monastique a toujours affirmé que la vie de foi prend la forme d'une incessante lutte contre les tentations. Il s'agit donc d'une lutte intérieure, non tournée vers des êtres extérieurs, mais contre les pensées, les suggestions et les dynamiques qui portent vers le mal.
Conférenciers qui seront présents:
? KALLISTOS DE DIOKLEIA, ? PHILARÈTE DE MINSK ET SLUCK,
? GEORGE DU MONT-LIBAN, ? PORFIRJE DE JEGAR,
? GRÉGOIRE DE VELIKO TARNOVO,
ENZO BIANCHI, Prieur de Bose, PANDELIS KALAJTZIDIS, Volos, ALEKSEJ DUNAEV, Moskva, JUSTIN HICKS, Monastère Sainte-Cathrine du Sinaï, ANDRÉ LOUF, Mont-des-Cats, ANDREW LOUTH, Durham, VASSILIS SAROGLOU, Louvain-la-Neuve, hig. IAKOVOS, Monastère de Petraki (Athènes), JOHN CHRYSSAVGIS, Bath, VASILIJ MARUŠ?AK, Simféropol, HERVÉ LEGRAND (Paris), ANTONIO RIGO (Venise), - ig. PETR MEŠ?ERIN, Monastero Danilovskij (Moscou).
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Depuis 1993, les Colloques de spiritualité orthodoxe entendent offrir aux chrétiens des Églises d'Orient et d'Occident des occasions de rencontre pour faire grandir la commnion à travers la connaissance réciproque et l'approfondissement des trésors spirituels des traditions respectives.
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L'un des mouvements essentiels de la vie spirituelle chrétienne est le combat spirituel. L'Ecriture déjà exige du croyant une telle attitude: appelé à «dominer» à l'intérieur du créé, l'homme doit aussi exercer cette domination sur soi-même, sur le péché qui le menace. «Le péché, tapi à ta porte, te désire. Mais toi, domine-le» (Genèse 4,7). Il s'agit donc d'une lutte intérieure, qui ne s'oppose pas à des êtres extérieurs à soi, mais aux tentations, aux pensées, aux suggestions et aux dynamiques qui poussent à perpétrer le mal. Paul, en se servant d'images belliqueuses et sportives (la course, le pugilat), parle de la vie chrétienne comme d'un effort, d'une tension intérieure pour demeurer dans la fidélité au Christ, qui implique de démasquer les dynamiques à travers lesquelles le péché pénètre dans le cœur de l'homme, pour pouvoir combattre son surgissement. Le cœur, en effet, est le lieu de cette bataille. Le cœur compris, suivant l'anthropologie biblique, comme l'organe qui peut le mieux représenter la vie dans sa globalité: centre de la vie morale et intérieure, siège de l'intelligence et de la volonté, le cœur contient les éléments constitutifs de ce que nous, nous appelons la «personne» et s'approche de ce que nous définissons comme la «conscience».
Mais tout cela, en christianisme, n'est en rien un simple mouvement de «discernement et d'ajustement psychologique»: c'est, Paul le dit, «le combat de la foi» (1 Timothée 6,12), le seul qui puisse être défini comme «bon». Ce combat naît donc de la foi, du lien avec le Christ manifesté par le baptême; il se produit dans la foi, c'est-à-dire dans la confiance en la victioire déjà remportée par le Christ lui-même; et il conduit à la foi, à sa conservation et à sa fortification.
Le combat spirituel vise, selon la tradition chrétienne, à garder la «santé spirituelle» du croyant. Son but est l'apátheia, qu'il ne faut pourtant pas comprendre dans le sens d'impassibilité, mais plutôt d'absence de pathologie. Ainsi, le combat spirituel réalise concrètement la visée thérapeutique de la foi. La vie spirituelle étant une vie très réelle et très concrète, elle doit être nourrie et fortifiée pour pouvoir croître et on doit en prendre soin quand elle est menacée dans son intégrité. Tant l'Orient que l'Occident chrétiens ont codifié les domaines, les espaces, où doit s'exercer une telle lutte pour maintenir le croyant dans une attitude saine, c'est-à-dire de communion et non de consommation. La tradition spirituelle chrétienne a toujours affirmé avec force que la vie de foi prend la forme d'un combat incessant contre les tentations.
A ce combat, il faut s'exercer: il faut avant tout apprendre à discerner ses propres tendances au péché, ses fragilités, les négativités qui nous marquent de façon particulière, puis les appeler par leur nom, les assumer et ne pas les refouler, et enfin se lancer dans la lutte, longue et fatigante, qui vise à faire régner en soi la Parole et la volonté de Dieu.
C'est grâce à cette lutte que la foi devient une foi qui demeure, qu'elle devient persévérance. C'est grâce à elle que l'amour est purifié et ordonné.
(extrait de : Enzo Bianchi,
Les mots de la vie intérieure)